Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a prêté serment lundi tassé dans un fauteuil roulant. FAROUK BATICHE/AFP
Abdelmalek Sellal nommé Premier ministre.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, réélu le 17 avril pour un quatrième mandat malgré ses ennuis de santé, a prêté serment lundi et annoncé la nomination de son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, au poste de Premier ministre.
Tassé dans un fauteuil roulant comme lors de l'élection présidentielle, la main droite sur le Coran, il a répété d'une voix faible un texte d'une dizaine de lignes lu par le président de la Cour suprême, Slimane Boudi.
Devant les hauts cadres de la nation, les diplomates en poste à Alger et de nombreux invités, dont des artistes, M. Bouteflika, vêtu d'un costume trois pièces bleu et d'une cravate rouge, a ensuite lu une brève allocution en buttant sur les mots.
Réélu avec 81% des voix, il a "remercié les électeurs pour leur soutien", se félicitant que "le 17 avril [ait été] jour de démocratie et de fête pour l'Algérie." Il a en outre rendu hommage à la police, aux militaires, aux fonctionnaires et observateurs qui ont "permis le bon déroulement de l'élection" ainsi qu'aux autres candidats à la présidentielle, dont il était dès le début donné grand favori.
Quelques heures après sa prestation de serment, le chef de l'Etat a nommé Abdelmalek Sellal, un de ses plus fidèles soutiens, au poste de Premier ministre. M. Sellal avait déjà occupé cette fonction de septembre 2012 à mars 2O14, avant de démissionner pour diriger la campagne électorale de M. Bouteflika.
"Conformément à l'article 77 de la Constitution, le président Abdelaziz Bouteflika, a mis fin ce jour à l'intérim des fonctions de Premier ministre assuré par Monsieur Youcef Yousfi", l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, a indiqué la présidence, en annonçant son remplacement par M. Sellal.
Déjà directeur de campagne de M. Bouteflika lors de la présidentielle de 2004 et 2009, M. Sellal a sillonné le pays alors qu'il était Premier ministre pour défendre le programme du président, victime il y a quasiment un an jour pour jour d'un AVC qui avait conduit à son hospitalisation en France pendant près de trois mois.
Depuis l'arrivée de M. Bouteflika au pouvoir en 1999, cet homme, connu pour son franc-parler et son sens de l'humour, est le seul Premier ministre à avoir communiqué sur des sujets "sensibles" comme la santé du président et occupé le terrain médiatique.
La réconciliation, une 'priorité'
Artisan de la réconciliation nationale après une décennie de guerre civile, M. Bouteflika a affirmé lundi vouloir poursuivre cette oeuvre.
Dans une déclaration écrite distribuée à la presse, il a ainsi souligné que la réconciliation nationale restait "(sa) priorité". "En même temps, la loi sanctionnera tout acte terroriste contre la sécurité des citoyens et des biens", a-t-il averti, observant que "nous demeurons un partenaire loyal pour la lutte contre le terrorisme".
M. Bouteflika a confirmé une prochaine révision de la Constitution en vue d'une séparation des pouvoirs et d'une indépendance de la Justice.
Sur le plan économique, le président a promis "l'avènement d'une économie diversifiée", dans un pays où les hydrocarbures représentent 96% des exportations et 40% du PIB.
Selon différents économistes, le principal défi auquel devra faire face le président algérien sera d'ailleurs d'engager le pays sur la voie de la ré-industrialisation.
Le prochain programme quinquennal d'investissement public "sera dense (et) au profit de tous les secteurs et de toutes les régions du pays", vaste comme quatre fois la France, a assuré M. Bouteflika.
Avant de prêter serment, le président avait assisté à un défilé des différents corps de l'armée.
La cérémonie de prestation de serment, à laquelle il a été accueilli par une salve de youyous, a été boudée par l'opposition qui avait appelé à boycotter le scrutin du 17 avril, marqué par une participation de seulement la moitié des électeurs.
Parmi les absences également remarquées, celle de son adversaire malheureux Ali Benflis, qui a recueilli 12% des voix et refusé de reconnaître la victoire de M. Bouteflika qu'il juge entachée d'une "fraude" à grande échelle. Se présentant comme le "vainqueur politique et moral" de l'élection, M. Benflis a accusé M. Bouteflika d'avoir fixé lui-même les scores à attribuer à chacun des six candidats.