Vol MH370 : le cap aurait été reprogrammé sur l'ordinateur de bord

Vol MH370 : le cap aurait été reprogrammé sur l'ordinateur de bord


Les États-Unis redoutent un acte terroriste. Les deux pilotes sont au centre de l'enquête sur le Boeing qui a quitté les écrans radars civils voici dix jours.

À Washington, l'hypothèse d'un détournement terroriste ou d'un suicide «djihadiste» plane. Le New York Times révèle que la trajectoire de l'appareil disparu il y a 10 jours a été modifiée via le système informatique de gestion de vol, et non manuellement. Cette reprogrammation a été effectuée par quelqu'un présent dans le cockpit qui maîtrisait le fonctionnement de l'avion. On ignore si ce changement dans la feuille de route est intervenu avant ou après le décollage de l'appareil. L'ordinateur qui contrôle ce système de gestion de vol se trouve entre le pilote et le copilote. Ce qui renforce les soupçons pesant sur les deux hommes.
«Il s'est passé quelque chose avec le pilote ou le copilote», a assuré à Washington le président de la Commission de sécurité intérieure à la Chambre des représentants, Michael McCaul évoquant même la possibilité que le Boeing ait été détourné pour servir de «missile de croisière». Pour l'heure, l'étude des profils des passagers et la fouille des domiciles des deux pilotes n'ont pas révélé d'indice troublant. «Nous n'avons pas trouvé de lien terroriste ou avec des groupes extrémistes connus dans la région», a affirmé un enquêteur malaisien à l'agence Reuters. De même, la Chine n'a trouvé aucun élément susceptible d'impliquer un de ses 153 ressortissants présents à bord.
Aucun passager n'aurait utilisé son téléphone

Face à l'incertitude, d'autres mobiles sont envisagés, y compris de politique intérieure malaisienne. Le commandant de bord Zaharie Ahmad Shah était un fervent partisan du leader historique de l'opposition Anwar Ibrahim, condamné à cinq ans de prison pour sodomie… quelques heures avant le décollage du vol MH370, lors d'un procès jugé politique. Mais les derniers soupçons se concentrent sur son copilote, Fariq Abdul Hamid, 27 ans. C'est lui, et non son supérieur, qui a prononcé les mots du dernier contact radio avec le sol, à 1 h 07, ont révélé lundi les enquêteurs. Un simple: «Eh bien, bonne nuit!» Deux minutes plus tard, le transpondeur, qui renseigne la terre sur le positionnement de l'appareil, était mystérieusement débranché et le vol MH370 disparaissait dans la nuit équatoriale.
L'autre point qui interpelle est l'absence de communications téléphoniques. Contrairement à ce qui s'est passé le 11-Septembre où plusieurs membres d'équipage et passagers ont passé des coups de fil d'alerte, aucun message, aucune publication sur les réseaux sociaux n'a été émis des portables des passagers du Boeing 777. L'avion qui a brusquement augmenté son altitude après avoir changé de cap volait-il trop haut pour que les messages puissent être envoyés? Le Boeing peut voler de façon sûre à 43.100 pieds mais l'appareil de la Malaysian Airlines a atteint 45.000 pieds avant de redescendre à 23.000 pour se stabiliser à 29.500. Certains spécialistes se demandent si cette brusque montée à 45.000 pieds ne s'est pas accompagnée d'une dépressurisation rapide qui aurait rendu inconscients les passagers en une dizaine de secondes. Quiconque a changé le cap de l'avion a aussi pu désactiver la tombée des masques à oxygène.
Le Boeing a traversé la Malaisie sans déclencher l'alerte des forces aériennes du pays

Après les révélations du week-end sur le changement de cap brutal vers l'ouest du vol MH370 de la Malaysia Airlines, les recherches internationales ont pris une dimension océanique depuis lundi. Et l'Amérique monte en puissance en déployant ses immenses moyens aéronavals. Vingt-six pays, dont la France, sont désormais mobilisés pour retrouver la trace du jet mystérieusement disparu depuis neuf jours, une heure trente après son décollage de Kuala Lumpur en route pour Pékin. La Chine a débuté des opérations de recherche et de secours dans les régions de son territoire situées «dans le corridor aérien nord» des trajectoires possibles suivies par l'appareil. Les recherches se concentrent désormais sur l'océan Indien et un arc asiatique allant du nord du Laos au Turkménistan, en passant par le plateau du Tibet. Un espace gigantesque défini grâce à des signaux en vol captés par des satellites, près de sept heures après qu'une personne à bord a «délibérément» coupé les outils de communication avec le sol.
Après avoir brutalement changé de cap au-dessus du golfe de Thaïlande et traversé la Malaisie d'est en ouest sans déclencher l'alerte des forces aériennes du pays, le Boeing 777-200 a remonté le détroit de Malacca, l'une des voies maritimes les plus empruntées au monde, avant de poursuivre sa route vers une destination inconnue. L'absence de triangulation satellitaire ne permet pas de localiser plus précisément l'avion fantôme et ses 239 personnes à bord.
À mesure que les pays asiatiques passent au peigne fin leurs informations radars enregistrées lors de la nuit fatidique, les soupçons des investigateurs mettent le cap vers le Grand Sud. Le Pakistan, la Thaïlande ou le Kazakhstan affirment n'avoir vu aucune trace de l'aéronef et les analystes doutent qu'il ait pu pénétrer l'espace aérien indien ou chinois sans être pris en chasse. Ainsi, l'Inde a suspendu ses recherches dans le golfe du Bengale au profit des eaux plus méridionales, à la demande de la Malaisie, officiellement en charge de la chasse.
Le premier ministre Najib Razak a également demandé à son homologue australien Tony Abbott de prendre en main les recherches au large de l'Océanie. Des efforts appuyés par l'armée américaine, qui a mobilisé ses forces aéronavales dans la zone et envoyé un avion P8 Poséidon à Perth, en Australie-Occidentale, pour scruter l'océan.